Le dispositif de gestion de l’aide aux sinistrés : l’innovation de Sô-Ava.

Dans un souci de bonne gouvernance et de transparence,  les ONG/association de la commune et la Mairie ont créé  par arrêté le 11 octobre 2010, un Cadre Communal de Concertation Elargi.
Le bureau de 9 membres compte 05 représentants de la société civile locale et 04 de la Mairie.
Ce dispositif qui crée une synergie entre les élus locaux et la société civile est une première dans tout le Bénin et dénote de la volonté des acteurs de la commune de s’entendre autour de l’idéal du développement concerté de la localité.

Hyppolite  Dossa DANSOU 

 

La mobilisation autour des sinistrés.


Le SOS lancé par les autorités Nationales, communales, les ONG et la population elle-même a atteint des organisations qui se sont mobilisées pour les premiers secours.
Catholic Relief Service (CRS), Emmaüs International, La Communauté Musulmane, La CARITAS Benin, Le ministère de la santé ont apportés des vivres, des moustiquaires et des médicaments pour la purification de l’eau. Cette aide est intervenue en pleine inondation au mois de septembre.
A l’amorce du retrait de l’eau, UNICEF,  l’Agence Canadienne de Développement International, Oxfam-Québec et la Commune de Sô-Ava ont entamé une grande action à plusieurs volets :



-       Vaste campagne de sensibilisation :
Craignant la survenue d’épidémie comme le choléra, le paludisme, la fièvre typhoïde, l’ulcère de Burili, etc …, ces trois partenaires de la Commune de Sô-Ava appuyés par les ONG, les  associations et les autorités locales ont entrepris de sensibiliser les populations sur les comportements à adopter. En  plus des émissions radio et des animations sur le terrain, ils ont mobilisé et formé 250 femmes relais qui poursuivront la sensibilisation de proximité pour une prévention des périls hydriques.  Pour soutenir les 8656 ménages ciblés par cette action, il a été distribué 121 212 savons et 108 225 médicaments (AQUATABS pour purifier l’eau).

-       Actions de relèvement :
Ce volet vise à aider la population à gérer l’après inondation. Il s’agit de :
·    Aider  les 461 ménages qui ont perdu leur maison à avoir un abri avant la saison de l’harmattan.
·    Désinfecter et réhabiliter les 47 écoles primaires publiques et les 02 maternelles de la commune.
·    Vidanger et désinfecter les 54 latrines publiques et réhabiliter les autres infrastructures d’hygiène et d’assainissement de la commune.
·    Fournir des intrants aux cultivateurs et soutien aux éleveurs pour la reconstitution du cheptel.
·    Désinfection et réhabilitation des centres de santé. 

Hyppolite  Dossa DANSOU 

L’exceptionnelle crue de 2010 et ses dégâts.


Avec plus de 2 mètres de hauteur, le débordement des eaux de cette année a pris toute la  population en otage. « En trois jours, j’ai vu l’eau passé du dessous du plancher au plancher et sortir par les fenêtres » se souvient encore Nouffin Tachégnon, vendeuse d’Akassa (pâte de mais). Et sa voisine de déplorer : en moins de deux heures l’eau a envahi mon salon et contraint ma famille au déménagement.
Le chef village de Sindomey, arrondissement de Sô-Ava, AHISSOU Pierre se rappelle avoir vu ce matin du 06 septembre 2010 plus de 100 foyers embarqués dans des pirogues de fortunes  prendre le large vers les villes.
Outre le départ des ¾ de la population (101 975 habitants en 2009) vers les villes comme Cotonou, Abomey-Calavi, Akassato, Porto-Novo et les pays comme le Nigéria, nous avons enregistrés les dégâts suivants :
·    Selon le  Responsable Centre Communal de Promotion Agricole (CeCPa/Sô-Ava), la population a perdu :
-       près  du tiers des 540 bovins que compte la commune.
-       environ les 2/3 sur près de 910 ovins
-       plus des 2/3 sur près de 1000 porcins
-       plus du 1/3 des 825 volailles

Sur près de 2000 hectares de champs cultivables, rien n’a été épargné. Pire, les réserves de produits stockés dans les greniers traditionnels ont été endommagés parce qu’en une nuit l’eau est montée de plus d’un mètre de hauteur.
·    Au niveau des écoles primaires, l’évaluation des dégâts produite par la Circonscription Scolaire de Sô-Ava donne :
-       41 écoles primaires  publiques inondées sur 45.
-       01 école maternelle sur les 02 que compte la commune
-       09 écoles primaires privées inondées sur 09
-       Tout le matériel didactique de ces écoles est irrécupérable

Les écoles primaires publiques A et B de Dékanmey et  A et B de Sô-Ava-Centre  et la Maternelle de Sô-Ava qui ont été épargnées par les eaux sont, soit, coupées de la population par un profond canal créé par le débordement et le courant d’eau, soit, occupées par les populations sinistrées. Du coup toute rentrée dans ces écoles a été hypothéquée. La reprise des cours fixée au 04 octobre 2010 dans tout le pays n’a commencée ici que la 08 novembre 2010 pour certaines écoles et le 22 pour d’autres.

·    Le médecin chef de Sô-Ava en présentant le bilan affirme que sur les 7 formations sanitaires de la commune c’est seulement celle de l’arrondissement de Lokpo qui a été épargnée. Les centres inondés sont alors réduits au service minimum pour les patients. Les laboratoires sont fermés faute d’énergie pour alimenter les appareils. L’eau potable n’est plus disponible. Toutes les latrines publiques (54) ont été submergées. Leur contenu s’est déversé dans le lac et la rivière. Lorsqu’on sait que toute les activités ici se mènent autour de ces deux cours d’eau, on peut donc imaginer les périls hydriques qui menacent cette population.

·    Selon la mairie sur près de 18 000 cases que compte la commune environ 16 500 ont subit la furie de l’eau. 

Hyppolite  Dossa DANSOU 


Inondations : Les facteurs géographiques favorables.


Située à 25 km au Nord de la capitale économique du Bénin (Cotonou), la commune de Sô-Ava jouit d'un climat tropical humide caractérisé par l'alternance de deux saisons de pluies. Mars à Juillet (grande saison), Septembre à Novembre (petite saison).
La moyenne pluviométrique annuelle est de 1200 mm et les températures varient entre 22°C et 33°C.
Estimée à 101975 hbts en 2009, la population de la commune est très inégalement répartie dans l’espace (468hbts/km2 par endroit), et vit dans les 42 villages, avec un taux d’accroissement naturel de l’ordre de 3,2%.
Sur le plan hydrographique, la commune de Sô –Ava est traversée par la rivière Sô sur une longueur de 84,4 km.la commune est aussi irriguée par le Lac Nokoué (158 km2) et le fleuve OUEME(510km). Elle se caractérise donc par sa richesse en plan d'eau (80% de la superficie soit 141,7km2), d'où son appellation de commune lacustre.
Il faut dire que chaque année les 2/3 des villages de la commune sont inondées pendant trois(03) à quatre (04) mois : de juillet à octobre. Cette inondation lorsqu’elle connaît des perturbations s’étend au début novembre. Il faut dire que le relief du Bénin est en plan incliné du nord vers le sud. Toute pluie au nord nous est déversée au sud ce qui provoque le débordement des différents cours d’eau qui traversent les villages. Ce débordement des eaux n’a jamais dépassé un mètre de hauteur. La population se déplace facilement et vaque aisément à ses occupations. En plus de Ganvié où le déplacement exige une pirogue, tout mouvement nécessite dans les autres villages, pendant l’inondation l’acquisition d’une barque.

Hyppolite Dossa DANSOU

Inondations au Bénin - Avis d'expert du Dr Placide Clédjo.



Grand Format Canal3 du dimanche 26/09/2010 consacré aux inondations au Bénin, avec l'éclairage d'un expert : Dr Placide Clédjo, maitre assistant des universités CAMES en environnement et aménagement du territoire.

Saint-Lumine-de-Coutais : Solidarité avec le Lac Nokoué au Bénin.

L’église catholique du village de So Tchanhoué a échappé de justesse à la crue.

Les habitants de la commune lacustre de So-Ava ont l’habitude d’affronter la crue annuelle à la saison des pluies. Leurs habitations sont construites sur pilotis ce qui leur permet de vivre au-dessus de l’eau en période d’inondation. Mais cette année la crue a dépassé toutes les prévisions et a envahi les maisons comme les édifices publics. « C’est la crue du siècle, les anciens n’ont jamais vu cela. Nous vivons un véritable calvaire. » déclare André Todjé, ancien maire de la commune.
Les trois quarts de la population ont fui leurs maisons pour se réfugier sur la terre dans les communes voisines et jusqu’au Nigéria. « Ceux qui sont restés n’ont nulle part où aller. Les maladies sont au rendez-vous. Les gens dorment sur des planchers dans l’eau, d’autres dans des pirogues amarrées devant leur maison. Les enfants sont attachés à un pied quand ils dorment la nuit, pour ne pas tomber dans l’eau… » Dans le village de So-Tchanhoué, « il n’y a que l’église catholique et la mosquée qui sont restées hors de l’eau. » Le bilan est lourd, on compte 4 décès d’enfants, 270 blessés, 51 269 sans abris, 16 412 cases inondées…
Aujourd’hui, la situation s’est améliorée. « Des secours ont été mis en œuvre, le gouvernement, le député, les communautés religieuses, l’ONG Emmaüs international, se sont mobilisés mais nous sommes encore loin du compte. Pour retrouver une situation normale, il faut attendre fin novembre. Après, il faudra réparer les dégâts. » Explique André Todjé.
La municipalité de Saint-Lumine-de-Coutais et l’association Grand-Lieu, Nokoué ont organisé une conférence « Dans le cadre de la coopération décentralisée, nous entretenons une relation étroite avec le Lac Nokoué depuis de longues années, nous ne pouvons pas rester indifférents face à cette catastrophe qui frappe nos amis. C’est pourquoi nous avons organisé une conférence le dimanche 14 novembre pour informer dans le but de collecter des fonds afin de contribuer aux secours et à la reconstruction. Nous avons projeté des vidéos et des photos de la crue qui nous ont été envoyées par André Todjé. » Explique le Maire, Yannick Rabillé.

Ceux qui ne peuvent pas fuir, n’ont pas d’autre choix que de vivre dans des conditions très difficiles.